Stratégie Océan Bleu, de W. Chan Kim et Renée Mauborgne (Résumé du livre)




-----------------

Titre original : Blue Ocean Strategy: How to Create Uncontested Market Space and Make the Competition Irrelevant

Version papier : 320 pages

Temps de lecture estimé : 9 heures environ

Achat du livre VF cliquer ici

-----------------

Extraits

“Value innovation requires companies to orient the whole system toward achieving a leap in value for both buyers and themselves.”
― W. Chan Kim, Blue Ocean Strategy: How To Create Uncontested Market Space And Make The Competition Irrelevant

“It is conventionally believed that companies can either create greater value to customers at a higher cost or create reasonable value at a lower cost. Here strategy is seen as making a choice between differentiation and low cost.21 In contrast, those that seek to create blue oceans pursue differentiation and low cost simultaneously.”
― W. Chan Kim, Blue Ocean Strategy, Expanded Edition: How to Create Uncontested Market Space and Make the Competition Irrelevant




De 15 années de recherches dans + 30 secteurs d’activité, W. Chan Kim et Renée Mauborgne ont identifié ce qu’ils nomment la Stratégie Océan Bleu



Des entreprises comme Apple, The Body Shop, le Cirque du Soleil, eBay et Swatch ont connu une réussite éclatante parce qu’elles ont su à partir de leur espace de marché connu, ouvrir et conquérir des espaces stratégiques encore vierges et créer une demande entièrement nouvelle. Dans cet ouvrage, W. Chan Kim et Renée Mauborgne ont modélisé ces remarquables mouvements stratégiques en les traduisant en outils concrets.


Chapitre 1 - Creating Blue Oceans


Les océans rouge sont la plupart des marchés qui nous entourent. Tout l'objectif de ce livre est précisément de s'extraire des océans rouge pour créer des océans bleu.

L'océan rouge, ce sont toutes les industries qui existent déjà et où les règles de la concurrence sont définies et acceptées de tous. Dans l'océan rouge, l'objectif n'est pas d'innover mais de sur-performer par rapport à ses concurrents et saigner ses voisins pour grignoter les parts d'un marché saturé.

L'océan bleu désigne à l'inverse les industries et territoires vierges, inexistants, à créer et qui ont complètement échappé aux concurrents en présence. Dans l'océan bleu, les règles de la compétition ne s'appliquent pas, car l'industrie et la demande sont naissantes et les règles attendent d'être définies.


Beaucoup a été écrit sur les océans rouge, peu l'a été sur les océans bleu, et sur la façon de créer littéralement une industrie.

C'est précisément le propos de ce livre : comment une entreprise peut-elle s'extraire de l'océan rouge dans lequel elle se trouve ? Comment peut-elle créer un océan bleu ? Existe-t-il une approche systématique qui permet de passer de l'un à l'autre ?

La clé de voûte de l'océan bleu, c'est la valeur "innovation" : c'est à dire qu'au lieu de déployer toute son énergie pour  égaler - et étrangler - la concurrence, l'entreprise rend la concurrence inoffensive en faisant un saut de valeur pour elle et son client.

Un exemple d'océan Bleu ? Le cirque du soleil.


Le Cirque du Soleil est né dans une industrie déclinante :

  • Stars du cirque devenues triviales face aux stars du cinéma - courtisées par chaque cirque à coup de cachets mirobolants induisant une augmentation des coûts de fonctionnement sans augmentation des profits.
  • Désintérêt croissant pour les spectacles associant des animaux, perçus comme de la maltraitance - animaux qui constituent un coût fixe important en nourriture, soin et transport.
  • Enfin, les alternatives au cirque pour se distraire qui explosent pour les enfants et les adultes.
Dans ce contexte, personne n'avait pourtant imaginé remettre en question ce qui semblait être le fondement même de l'industrie du cirque telle que sa tente, ses clowns et ses artistes.

C'est ce qu'a pourtant fait le cirque du soleil :

  • les clowns y restent mais leurs performances disparaissent au profit de représentations plus poétiques et sophistiquées ;
  • la tente gagne en confort et en glamour, rappelant celles d'antan ;
  • les stars sont remplacées par des artistes et les animaux disparaissent.
Mais le cirque du soleil n'a pas fait que moderniser ce qui existait, il a réinventé l'industrie du cirque en la fondant avec une autre industrie, celle du théâtre : mise en scène, fil conducteur du spectacle, créations de spectacles originaux et thématiques, introduction d'une musique plus contemporaine :

In short, Cirque du Soleil offers the best of both circus and theater, and it has eliminated or reduced everything else. By offering unprecedented utility, Cirque du Soleil has created a blue ocean and has invented a new form of live entertainment, one that is markedly different from both traditional circus and theater. At the same time, by eliminating many of the most costly elements of the circus, it has dramatically reduced its cost structure, achieving both differentiation and low cost. Le Cirque strategically priced its tickets against those of theater, lifting the price point of the circus industry by several multiples while still pricing its productions to capture the mass of adult customers, who were used to theater prices.


Chapitre 2 - Analytical tools and Frameworks


Le chapitre 2 présente quelques outils et cadres analytiques permettant de naviguer dans les océans bleu.

Le canevas stratégique est un outil de diagnostic et illustre comment une industrie satisfait (ou non) un attribut valorisé par le client (Ex. d'attribut : service rapide, choix, ponctualité, ...)

L'entreprise qui crée son océan bleu devra manœuvrer pour valoriser par son offre des attributs qui étaient jusque là ignorés par ses concurrents et ne plus proposer des attributs que ses concurrents satisfont déjà.



Canevas Stratégique - Stratégie Océan Bleu
Canevas Stratégique - exemple d' Ikéa


Le cadre logique à 4 quadrants se forme de 4 questions :
  • Réduire : quels attributs de mon produit devraient être réduits bien en-deçà de l'offre standard du marché ?
  • Augmenter :quels attributs de mon produit devraient être augmentés bien au-delà de l'offre standard du marché ?
  • Éliminer : quels attributs que mon industrie tient pour acquis devraient être supprimés
  • Créer : quels attributs que mon industrie n'a jamais offert devraient être créés ?
Et enfin, 3 questions (Focus - Divergence - Tagline) pour interroger le chemin emprunté par l'entreprise qui cherche un océan bleu :
  • Est-ce que je reste bien concentré sur quelques attributs (je ne me disperse en valorisant tous les attributs possibles) ? ;
  • Est-ce que j'emprunte bien un chemin différent de mes concurrents ?
  • Le chemin que j'emprunte peut-il se résumer en une unique phrase ? Ex. : "The speed of a plane for the price of a car - whenever you need it" (Southwest Airlines)


Chapitre 3 - Reconstruct Market boundaries

Dans ce chapitre, les auteurs présentent six chemins / routes traditionnelles de celui qui s'interroge sur la façon de bouleverser son industrie en créant un océan bleu.

  • Chemin 1 : look across Alternatives Industries
Le restaurant est une alternative au cinéma, mais pas un substitut. Or, les industries s'intéressent surtout à leurs concurrents et substituts -exemple du restaurant qui va s'inquiéter de l'arrivée d'un autre restaurant sur le trottoir d'en face- mais pas à ceux qui proposent des alternatives. Regarder au-delà des substituts !

(Alternative Industries) Pour une présentation de l'étude de cas NetJet, c'est ici !

  • Chemin 2 : look across Strategic Groups within Industries
Un groupe stratégique est un segment de client : Mercedes, Jaguar et BMW font partie du même groupe stratégique. Citroën, Renault et Peugeot font partie d'un autre groupe stratégique. Peu d'entreprises se soucient de ce qui se passe au-delà de leur groupe stratégique.

(Strategic Groups) Pour une présentation de l'étude de cas Curve, c'est ici !

  • Chemin 3 : look accros the chain of buyer
Prescripteur, acheteur et utilisateur ne sont pas toujours la même personne. Le docteur prescrit des médicaments qu'il n'achètera pas, ni ne consommera. L'acheteur d'un grand groupe achète des fournitures consommées par d'autres. Des industries peuvent se créer, lorsque l'on ne vise pas ceux qui sont traditionnellement votre cible.

  • Chemin 4 : look across complementary Product and Service Offerings
Les produits et services complémentaires, ce sont les industries qui au-delà de leur offre, imaginent les services qui vont avec. C'est le cas du cinéma qui réfléchirait à un service de baby-sitting, ou d'un aéroport qui incluerait dans son offre un service de navette. Que se passe-t-il avant, pendant et après l'usage du produit que je vends ?

  • Chemin 5 : look across functional or emotional appeal to buyers
Certaines entreprises se concurrencent en jouant sur un registre rationnel (prix, fonctionnalités) tandis que d'autres jouent sur un registre émotionnel, mais rarement ces entreprises sortent de leur registre. En sortant de leur registre, ces entreprises peuvent imaginer un océan bleu.

Les auteurs citent par exemple le cas de Swatch qui a fait sortir la montre du registre rationnel qui était le sien (montre instrument de pouvoir, de luxe) vers un registre émotionnel (montre instrument de mode).


  • Chemin 6 : look across time
Regarder au-delà du temps, c'est se poser la question : comment les changements d'aujourd'hui vont impacter mon business demain.



Les auteurs citent le cas d'Itunes qui en prenant en considération l'impact d'Internet sur la consommation de musique, a proposé une consommation de la musique au titre.


Chapitre 4 - Focus on the big pictures, not the numbers




Tout dans l'entreprise tend au conservatisme et à la faire rester dans un océan rouge. Et ce que l'entreprise appelle sa "vision stratégique"est souvent plutôt une synthèse d'intérêts divergents qu'un véritable effort pour aller dans une direction et tirer avec soit toute l'entreprise.



C'est précisément le propos des deux auteurs : pour aller vers l'océan bleu, ne faites pas la somme des intérêts, ne vous focalisez plus sur les chiffres, mais ayez une vision d'ensemble.



Quelle méthode employer ? Les auteurs proposent une méthode en quatre temps qu'ils illustrent du vrai cas d'une banque, appelée ici pour les besoins du cas EFS.



Etape 1 - Visual awakening



La première étape consiste à réveiller les managers qui rechignent souvent les premiers au changement : parce que le statut quo leur convient très bien ou parce qu'ils ont une vue parcellaire de leur entreprise - cas du responsable des repas d'une compagnie aérienne qui mesurera la performance de son entreprise à la seule lumière de son propre succès, sans se soucier des autres aspects valorisés par le client : ponctualité, accueil, ...



Dans le cas EFS, on demande aux managers : décrivez moi la stratégie de votre entreprise. Incapables de se mettre d'accord, ils réalisent rapidement la pauvreté de leur vision stratégique. C'est un mini-choc qui les amène à l'étape suivante.



Etape 2 - Visual Exploration



Partant du principe qu'une entreprise "should never outsource its eyes", on demande ici aux managers de se confronter sur le terrain à la façon dont sont consommés leurs produits et services.



Mais pas seulement : on leur demande aussi d'aller voir leurs concurrents, ainsi que les alternatives à leur industrie, les prescripteurs, les non-consommateurs, bref l'ensemble ds parties prenantes qui gravitent autour d'eux.



A l'issue de cette étude terrain, on demande aux managers de dessiner 6 nouvelles courbes comme celles vues dans le chapitre 3 - le chiffre de 6 est choisi afin de forcer les managers à ne pas se limiter aux deux ou trois chemins les plus évidents.



Etape 3 - Visual Strategy Fair



Les managers, qui avaient été répartis en deux équipes dans les étapes précédentes doivent présenter leurs courbes en dix minutes maximum par courbe - s'il faut plus, c'est que l'idée doit être mauvaise. Le jury -constitué des personnes rencontrées à l'étape 2 - attribue une note à la fin de l'ensemble des présentations.




Les résultats se répartissent en trois tiers: 1/3 des propositions sont à côté de la plaque - ils valorisent dans leur courbe des attributs que les clients eux ne valorisent pas. 1/3 n'est pas convaincant, mal présenté. Le dernier tiers constitue les propositions convaincantes sur le fond et sur la forme.



Une vision est trouvée, une courbe est dessinée et une phrase d'accroche est choisie " EFS, le FedEx du marché des changes : facile, sur, rapide et traçable".



Etape 4 : Visual Communication



Dans cette dernière étape, les managers repartent dans leur entreprise informer leur collaborateurs de la nouvelle stratégie de l'entreprise, d'une façon audible de tous à l'aide des outils visuels développés à l'étape 3.



Chapitre 5 - Reach beyond the existing demand


Troisième étape : viser au-delà de la demande existante, en transformant les non-consommateurs en consommateurs. C'est la tendance d'une entreprise dans un marché saturé : elle concentre ses efforts sur les clients existants et complexifie son offre pour prendre en compte les spécificités de ses clients.



Dans l'océan bleu, c'est tout l'inverse qui se passe : pour maximiser la taille de leur océan bleu, les entreprises ont besoin de cibler les non-consommateurs, et au lieu de se focaliser sur leurs différences, de s'intéresser à ce qui les rassemble.



Il existe trois types de non-consommateurs qui peuvent être transformés en consommateurs de votre océan bleu.



The natural strategic orientation of competitive advantage is toward retaining the existing customers and seeking further segmentation opportunities. This often leads to finer segmentation and greater tailoring of offerings to better meet customer preferences. The more intense the competition is, the greater the resulting customization of offerings. Although this might be a good way to gain a focused competitive advantage and increased share of the existing market space, it is not likely to produce a blue ocean that expands the market and creates new demand.


(...) Although the universe of noncustomers typically offers substantial blue ocean opportunities, few companies have keen insight into who noncustomers are and how to unlock them. To convert this huge latent demand into real demand in the form of thriving new customers, companies need to deepen their understanding of the universe of noncustomers. The book outlines the three tiers of noncustomers so that companies can understand how to identify the universe of their noncustomers. Once identified, companies should look across to the commonalities across noncustomers. If you focus on these, and not on the differences between them, you will glean insight into how to desegment buyers and unleash enormous latent untapped demand.

Le consommateur à la lisière du bois.

C'est le consommateur qui est sur le bord du marché. C'est un acheteur qui achète au minimum et qui ne se considère pas consommateur de votre industrie. Votre industrie est en quelque sorte la solution la moins pire qu'il a trouvé, et dès qu'une meilleur offre se présentera il vous quittera.

Identifiez les raisons pour lesquelles ces consommateurs seraient prêts à quitter votre industrie. Qu'ont-ils comme point commun dans leurs réactions ? Qu'est-ce que vous et vos concurrents ne leur proposez-pas qui explique leur attitude ? Focalisez-vous sur cela et pas sur leur différence.

Le consommateur qui refuse votre industrie.

C'est le consommateur qui n'utilise pas ou ne peut pas se permettre d'utiliser l'offre actuelle proposée parce qu'il la trouve inacceptable ou en-deçà de ses besoins. Il satisfait donc son besoin autrement, quand son besoin n'est pas simplement inhibé.



Pour ce consommateur, identifiez les raisons pour lesquelles il refuse d'utiliser votre produit / vos services.

Le consommateur ignoré

Aucun acteur de votre industrie n'a jamais jugé utile de lui proposer ses services. Pourquoi ? Parce qu'il a toujours été supposé que ses besoins et les opportunités de business associées étaient liés à d'autres marchés.

Chapitre 6 - Get the strategic Sequence Right


Le prochain défi est de construire un business modèle robuste permettant d'être rentable dans un océan bleu.



Les auteurs proposent de se poser une série de question , chacune éliminatoire : si vous répondez non à une question, il ne sert à rien 'daller plus loin et si vous répondez oui, vous passez à l'étape suivante:
  • Est-ce que je crée de la valeur pour mon acheteur avec cette nouvelle offre / ce nouveau service ?
  • Mon prix est-il le plus adapté pour attirer une majorité d'acheteurs ?
  • Les couts que je pratique me permettront-ils d'être rentable au prix fixé ?
  • Qu'est-ce qui pourrait gêner l'adoption de mon produit ? Suis-je en mesure d'y faire face ?


Chapitre 7 : Overcome key Organizational hurdles


Ce chapitre est certainement le plus passionnant de Blue Ocean. Après avoir développé sa stratégie, l'entreprise doit la mettre en œuvre. C'est l'objet du chapitre 7. pour l'illustrer, les deux auteurs se penchent sur Bill Bratton. Et c'est ce qui est particulièrement intéressant : de voir comment la stratégie de l'océan Bleu peut s’appliquer à un cas concret, ici à la police de New-York.

Le nom de Bill Bratton ne vous dit sans doute rien, et ce serait normal. C'est à Bill Bratton et aux méthodes qu'il a employé en tant que chef de la police de New-York - il y est nommé en 1994 - que l'on attribue la spectaculaire chute du taux de criminalité dans la ville. Et longtemps après son départ - il est aujourd'hui à la tête de la police de Los Angeles - les effets des transformations qu'il a mises en oeuvre se font toujours sentir. (Et pour la petite histoire, il a inspiré la série TV Washington Police dont je suis assez fan héhé ^^'). La stratégie de Bill Bratton est remarquable en bien des points et à ce titre est enseignée dans les plus prestigieuses des grandes écoles.

Stratégie Océan Bleu, de W. Chan Kim et Renée MauborgneLa sagesse populaire veut qu'aux grands maux, les grands remèdes : grands changements, donc débauche de ressources pour les mettre en œuvre. C'est sans doute vrai dans les océans rouge, mais pas dans le cas qui nous intéresse d'un océan bleu.

Quatre maux peuvent mettre en péril une stratégie d'océan bleu, et pour chacun d'eux, les auteurs nous présentent la réponse appropriée.

1. La pesanteur des schémas établis.

La plupart des managers pour lutter contre les schémas établis mettront en avant la nécessité impérieuse du changement à force de chiffres. C'est une mauvaise approche. Pourquoi ? Parce que l'on peut tout faire dire aux chiffres et vos équipes le savent. Et ensuite, parce que les chiffres culpabilisent certains tandis qu'ils en dédouanent d'autres : bref ils ne mobilisent pas et ne sont donc pas un premier pas convaincant dans la mise en œuvre d'une stratégie.

Il va falloir user d'une autre méthode qui marque les esprits : démontrer l'urgence par les actes, faire ressentir à vos équipes l'urgence qu'il y a au changement stratégique." Voir c'est croire". Comment s'y prend-on ? De deux façons : en allant sur le terrain avec vos équipes pour constater (1) et en rencontrant les consommateurs parmi les plus énervés (2).

(1) L'insécurité dans le métro de la ville de New-York. Au début des années 90, le métro de la ville de New-York était boycotté par les habitants de la ville. C'était un endroit mal famé et pourtant la police ne partageait pas ce constat : elle n'identifiait aucune urgence, avançant que seuls 3% des crimes étaient commis dans le métro. C'était une réalité statistique indéniable et en arrivant à son poste Bill Braton aurait bien perdu son temps à lutter contre ces chiffres. Il a préféré aller sur le terrain et se forger une opinion : prostituées, mendiants agressifs, gangs de jeunes, dealers, ... C'était la laide réalité du quotidien des new-yorkais, et les faits ne mentaient pas, il n'était plus possible de se cacher derrière des chiffres. En revenant à son bureau, Bill Bratton opposait aux chiffres discutables, des faits indéniables.


L'achat de voitures de police. Par souci d'économies, la ville de New-York avait décidé d'acheter de petites voitures plus simples à conduire mais incompatibles avec une stratégie sans précédent de lutte contre le crime. Plutôt que de passer à l'offensive sur le terrain des chiffres, Bill Bratton a emmené son supérieur patrouiller avec lui. Il a pris l'une de ces petites voitures. Pour accentuer la sensation d'étroitesse, il a ramené le siège de son passager vers l'avant et s'est équipé de tous les accessoires du policier en patrouille (gilet pare-balles, ceinturon, matraque, talkie-walkie, ...). Après deux heures passées dans l'habitacle de la voiture, son supérieur a dit à Bill Bratton qu'il ne comprenait pas comment il faisait pour patrouiller dans une voiture si petite. Quelques jours plus tard, sans l'avoir demandé, il disposait d'une flotte de voitures parmi les plus grandes.

(2) Rencontrer les consommateurs parmi les plus énervés. Sous l'effet de la violence, un quartier de la ville de New-York se dépeuplait. Les habitants dénonçaient la violence dont ils étaient les victimes. La police opposait aux habitants leurs statistiques : un taux de réponse au 911 et un taux d'arrestation pour crimes de sang élevé.En rencontrant les habitants, la police a vite compris : les habitants ne se sentaient pas en danger à cause du crime mais de la violence quotidienne et des incivilités dont ils étaient victimes. Cette rencontre a permis à la police de prendre conscience de la réalité de leurs "clients" et de recadrer leurs priorités.

2. Le manque de ressources

Le manque de ressources ne se résout pas en demandant plus de ressources mais en identifiant les points chauds (hot spots), les points froids (cold spots) et les possibilités de bascule d'un point à l'autre (horse trading).

Les points chauds sont les activités d'une entreprise qui requièrent peu de ressources mais génèrent beaucoup d'effets (à l'inverse des points froids). il s'agit en quelque sorte de la règles des 80/20 que j'exposais dans un précédent billet et où 20 % des causes génèrent 80% des effets.

Le métro New-Yorkais (Bis). Lorsque Bill Bratton arrive à la police de New-York, la stratégie en place pour lutter contre la violence dans le métro new-yorkais est de placer un agent sur chaque quai. La logique sous-jacente voulait que mieux lutter contre la violence dans le métro, c'était en conséquence augmenter sur chaque quai les effectifs de façon proportionnelle. Or, en analysant la situation, Bill Braton s'est aperçu que la violence était concentrée à certaines stations très précises. Tandis que d'autres ne connaissaient jamais de violence. Il lui suffit d'analyser et identifier les 20 % de stations qui généraient 80% des délits et de rédéployer ses effectifs en conséquence.

Lutte contre la drogue. La drogue était à l'origine de 50% des crimes de New-York. Bien que particulièrement bien dotée - 5% des forces de police de New-York y étaient dédiées - la lutte contre la drogue donnait des résultats très modestes. Bill Bratton fit un constat simple : la vente de drogues s'opère le week-end et la nuit mais les forces de police dédiées à la lutte contre la drogue travaillent en semaine de 9h à 17h00. En re-déployant les mêmes ressources à des heures différentes, il fit chuter le trafic de drogue.

Où trouve-t-on des ressources à re-déployer ? Dans les points froids : là où 80% des causes génèrent seulement 20% des effets.

Le poste de police avancé. Lorsqu'une personne était interpellée dans le métro de New-York, l'officier de police devait l'escorter jusqu'au tribunal et le suivre jusqu'au verdict. Cela prenait environ 16 heures. 16 heures pendant lesquelles un officier ne patrouillait plus. Bill Bratton fit construire des postes de police avancés dans des bus qui stationnaient à la sortie du métro. Il suffisait à l'officier de police d'escorter l'interpellé jusqu'au bus et le processus passait ainsi de 16 heures à 1 heure.

3. Le manque de motivation

Il ne suffit pas de convaincre les gens de la nécessité du changement stratégique que vous opérez, il faut aussi les motiver à agir pour aller dans votre sens. Dans la plupart des organisations, un grand changement stratégique s'accompagne d'une mobilisation top-down d'aussi grande ampleur. Oui, mais pas dans l'océan bleu. Dans l'océan bleu, on mise sur trois concepts: la cheville ouvrière (kingpin), le bocal à poisson (fishbowl) et le morcellement (atomization).

Il va d'abord falloir vous concentrer sur les chevilles ouvrières, c'est-à-dire sur ceux qui dans votre entreprise ont de l'influence, sont des leaders, capables de persuader. Ils formeront vos relais auprès de l'ensemble des équipes. A la police de New-York, Bill Bratton s'est concentré sur les 66 chefs de district de la ville qui chacun avaient sous leurs ordres 200 à 400 officiers de police.

Pour motiver ces chevilles ouvrières, le jeu est d'éclairer leurs actions de façon répétée et visible : c'est le rôle du bocal à poisson. Bill Bratton mit en place le Compstat : une réunion qui avait lieu toutes les deux semaines, où chaque chef de district devait expliquer devant les autres chefs de district et devant ses pairs les raisons de ses succès ou insuccès.
"At the NYPD, Bratton’s fishbowl was a biweekly crime strategy review meeting known as Compstat that brought together the city’stop brass to review the performance of all the seventy-six precinct commanders in executing its new strategy. Attendance was mandatory for all precinct commanders; three-star chiefs, deputy commissioners, and borough chiefs were also required to attend. Bratton himself was there as often as possible.
As each precinct commander was questioned on decreases and increases in crime performance in front of peers and superiors based on the organization’s new strategic directives, enormous computer-generated overhead maps and charts were shown, visually illustrating in inescapable terms the commander’s performance in executing the new strategy. The commander was responsible for explaining the maps, describing how his or her officers were addressing the issues, and outlining why performance was going up or down. These inclusive meetings instantly made results and responsibilities clear and transparent for everyone.
As a result, an intense performance culture was created in weeks—forget about months, let alone years—because no kingpin wanted to be shamed in front of others, and they all wanted to shine in front of their peers and superiors."
Morceler enfin, accroit la motivation : il s'agit de fixer des objectifs construits proportionnellement au champ de responsabilité de tous : inutile de fixer pour objectif un accroissement des ventes de 10% à la personne responsable du service technique. Mieux vaut lui construire un objectif qui lui corresponde et qui s'inscrive dans l'objectif global de l'entreprise.



4. Les risques politiques



Plus les changements deviennent probables et plus bruyants et visibles apparaîtront les points de blocages politiques, qui pourront faire dérailler votre stratégie.



Pour les contrecarrer, il faudra suivre trois règles :



(1) Former une coalition des personnes intéressées à votre changement

(2) Faire taire ceux qui ont à perdre à cause de votre stratégie.
(3) Disposer d'un conseiller parfaitement au courant des rouages de l'entreprise


One of the most serious threats to Bratton’s new policing strategy came from New York City’s courts. Believing that Bratton’s new policing strategy of focusing on quality-of-life crimes would overwhelm the system with small crime cases such as prostitution and public drunkenness, the courts opposed the strategic shift. To overcome this opposition, Bratton clearly illustrated to his supporters, including the mayor, district attorneys, and jail managers, that the court system could indeed handle the added quality-of-life crimes and that focusing on them would, in the long term, actually reduce their caseload. The mayor decided to intervene.



Then Bratton’s coalition, led by the mayor, went on the offensive in the press with a clear and simple message: If the courts did not pull their weight, the city’s crime rate would not go down. Bratton’s alliance with the mayor’s office and the city’s leading newspaper successfully isolated the courts. They could hardly be seen to publicly oppose an initiative that would not only make New York a more attractive place to live but would also ultimately reduce the number of cases brought before them. With the mayor speaking aggressively in the press of the need to pursue quality-of-life crimes and the city’s most respected—and liberal—newspaper giving credence to the new police strategy, the costs of fighting Bratton’s strategy were daunting. Bratton had won the battle: The courts would comply. He also won the war: Crime rates did indeed come down.

Chapitre 8 - Build execution into Strategy


Dans ce chapitre, les auteurs présentent la façon de faire adhérer vos équipes à votre stratégie, bien au-delà du simple accord de principe : pour construire une relation de confiance et d'engagement profond parmi votre équipe et recueillir leur totale adhésion, il faudra les y associer dès le début de la formulation de la stratégie.



Et la clé de voute de cette relation de confiance, ce sera le fair process, autrement dit, le sentiment d'une relation équitable.

"Voluntary cooperation is more than mechanical execution, where people do only what it takes to get by. It involves going beyond the call of duty, wherein individuals exert energy and initiative to the best of their abilities—even subordinating personal self-interest— to execute resulting strategies."
Le fair trade s'appuie sur trois piliers :



1. L'engagement : je demande à ceux qui seront impactés par le changement stratégique de partager avec moi leur expertise.

2. L'explication : j'explique les orientations choisies et pourquoi certains avis n'ont pas été retenus tandis que d'autres oui.
3. Les attendus : j'explique la nouvelle règle du jeu pour que chacun sache ce qui l'attend.



Les auteurs accordent beaucoup d'importance au Fair Process. Pourquoi ? Parce que selon eux, les individus recherchent avant toute chose la reconnaissance de leurs valeurs. et attendent d'être traités à ce titre de façon respectueuse indépendamment de toute notion hiérarchique.



Quand on leur reconnaît cette valeur, ils sont prêt à donner le meilleur d'eux-mêmes et à se dépasser pour mériter cette réputation (une idée que j'avais lu dans Comment se faire des amis).



A l'inverse, si on ne leur reconnait pas ces qualités, ils vont se sentir intellectuellement indignés, vont limiter leur créativité et implication, rejeter les idées des autres - si vous en m'écoutez pas je ne vous écoute pas - et pire, trainer des pieds, voire saboter votre projet.



Chapter 9 - Conclusion : The sustainability and Renewal of Blue Ocean Strategy




Dans ce dernier chapitre, les deux auteurs traitent du moment où l'océan bleu disparait et où il s'agit de réfléchir à la création d'un nouvel océan bleu. A quel moment le créer ?

La recommandation est simple : nagez aussi loin que possible dans l'océan bleu, distancez vos adversaires et découragez vos imitateurs. Les barrières à l'entrée sont nombreuses qui retarderont l'arrivée de vos compétiteurs. Cette arrivée est toutefois inéluctable. Il s'agira pour vous alors d'amorcer un second virage stratégique à la crecherche d'un nouvel océan.
"You should swim as far as possible in the blue ocean, making yourself a moving target, distancing yourself from your early imitators, and discouraging them in the process. The aim here is to dominate the blue ocean over your imitators for as long as possible. As rivalry intensifies and total supply exceeds demand, bloody competition commences and the ocean will turn red. As competitors’ value curves converge toward yours, you should begin reaching out for another value innovation to create a new blue ocean.
Hence, by charting your value curve on the strategy canvas and intermittently replotting your competitors’ value curves versus your own, you will be able to visually see the degree of imitation, and hence of value curve convergence and the extent to which your blue ocean is turning red."

Achetez ‘La Stratégie Océan Bleu'  de W. Chan Kim et Renée Mauborgne :


La Semaine de 4 Heures : Travaillez Moins, Gagnez Plus et Vivez Mieux !, de Timothy Ferriss (Résumé du livre)


-----------------

Titre original : The 4-Hour Workweek: Escape 9-5, Live Anywhere, and Join the New Rich

Version papier : 320 pages

Temps de lecture estimé : 9 heures environ

Achat du livre : cliquer ici

-----------------

Comment changer radicalement de vie ? Comment devenir un "nouveau riche", un "bienheureux" ? Comment gagner plus d'argent en travaillant moins, voir pas du tout : 4 heures par semaine ? Vous rêvez d'échapper à la routine du métro-boulot-dodo, de gagner de l'argent sans vous épuiser à la tâche, ou tout simplement de vivre mieux en travaillant moins ? Alors, voici ce que vous apprendra La Semaine de 4 Heures : comment vous organiser pour gagner en un mois, à raison de 4 heures par semaine, le salaire que vous gagnez jusqu'à présent en un an ; comment rejoindre les Nouveaux Bienheureux, qui réalisent leurs rêves et jouissent de la vie sans attendre une hypothétique retraite. Plus de bon temps, plus d'argent, plus de mobilité : ce livre est un véritable manifeste pour un changement radical de mode de vie.

Chapter 1 - Cautions and Comparisons


Commençons par le commencement. Qu'est-ce qui vous rend heureux, vous ? Quelle condition y mettez-vous ? Parce qu'après tout, si vous êtes heureux aujourd'hui, il n'y a pas de raison de changer de vie. Du coup, il faut se poser une question simple :

C'est quoi le bonheur ?

Dans ce chapitre, Timothy Ferriss présente l'errance dans laquelle beaucoup sont en pensant qu'être heureux, c'est être nécessairement riche. Alors oui bien sur l'argent participe au bonheur et d'ailleurs Timothy Ferriss est d'accord avec ça. Mais il ajoute à l'argent le temps, et pouvoir disposer de chacun - argent et temps - comme nous le voulons.

Qui est plus riche ? Celui qui travaille 80 heures par semaine pour gagner 500 000 € par an, ou bien celui qui travaille 20 heures par semaine pour gagner 40 000 € qui satisfont très bien à ses besoins et dispose de 60 heures à côté pour réaliser autre chose ?

Chapter 2 - Rules that change the rules


Pourquoi tout faire comme tout le monde? Et surtout, quand les chemins que ce Monsieur tout-le-monde emprunte mènent à une impasse ?
"Quand j'étais dans la vente d'espaces de stockage, mon premier job après l'école, j'ai réalisé que la plupart de mes appels n'atteignaient pas leur correspondant pour une seul raison : le barrage des secrétaires. Si je passais mes appels de 8h00 à 8h30 le matin et de 18h00 à 18h30 le soir, pour un total d'une heure, je pouvais passer les secrétaires et réaliser plus de deux fois le nombre de réservations d'un consultant sénior qui appelait de 9h00 à 17h00. Autrement dit, je faisais deux fois le résultat pour un 1/8 du temps d'un sénior."

Et Timothy Ferriss de citer quelques règles - à contre-courant des idées convenues bien sur :
  1. La retraite, à la fin de sa carrière, c'est le pire des scénarios. Mieux vaut des mini-retraites au cours de sa vie.
  2. Faire moins n'est pas de la paresse
  3. N'attendez pas LE bon moment pour entreprendre : le bon moment n'existe pas.
  4. Préférez entreprendre et vous excuser ensuite plutôt que de demander sans cesse la permission et d'y conditionner votre action.
  5. Ne cherchez pas à combler vos faiblesses. Développez plutôt vos points forts.

 

Chapter 3 - Dodging Bullets


Qu'est-ce qui nous effraie dans le changement ? C'est - selon Timothy Ferriss - de faire un mouvement, autrement dit : de prendre un risque. Comme une suite de dominos, bougez en un seul et tous s'écroulent.

Mais pour Timothy Ferriss, tout ça n'est qu'une peur fantasmée, une de nos errances. Car soyons sérieux, cette peur du mini-séisme résiste-t-elle à un examen rigoureux de notre situation particulière ?
"Many a false step was made by standing still."
"Beaucoup de faux pas, résultent d'être resté immobile"

Chapter 4 - System Reset


C'est une question qui doit plonger plus d'une personne dans l'angoisse : "Qu'est-ce que tu veux faire ?" , "Quels sont tes objectifs ?".

Timothy Ferriss propose une nouvelle question: " What would excite me ?" à la place de"What are my goals ?". Et là c'est une question très rafraîchissante ! Se demander "Qu'est-ce qui me fait rêver ?" "Qu'est-ce qui me fait vibrer ?" Et se donner les moyens d'y arriver !

Lâchez-vous, voyez grand : get unrealistic !

Les chapitres qui précédaient visaient à éclairer le lecteur sur la pertinence d'un changement de direction dans sa vie. Et maintenant , qu'est-ce que l'on fait ? On commence par se débarrasser du superflu : on coupe large et c'est l'objet des prochains chapitres.

Chapter 5 – The End of Time Management: Illusions and Italians

Dans ce chapitre, Timothy Ferris pointe les croyances que nous avons sur la gestion du temps et énonce deux lois : la loi de l'optimum de Pareto et la loi de Parkinson.

L'optimum de Pareto et la loi des 20/80 : Wielfredo Pareto avait observé dans son jardin que 20% de ses plans produisaient 80% de ses petits pois. Et d'observer que cette règle s'appliquait en bien des cas dans la vie de tous les jours.

Observons nous aussi comme Pareto et faisons un tri :
"Quelles 20% de mes actions génèrent 80% de mes problèmes ?"
et "Quelles 20% de mes actions génèrent 80% de mes motifs de satisfaction ?"

La loi de Parkinson peut se résumer ainsi : donnez moi quatre heures pour réaliser une tâche et je la ferai en quatre heures. Donnez moi une heure et je la ferai en une heure.


Chapter 6 – The Low Information Diet : Cultivating Selective Ignorance


Pendant un mois faites l'essai et imposez-vous une diète médiatique : plus un seul journal télévisé, plus une seule lecture des nouvelles du moment.

Pourquoi ? D'abord parce que cela vous libérera du temps. Ensuite, pour reprendre le contrôle (ce n'est plus l'information qui vient à vous mais vous qui allez à l'information).

Et enfin, pour éviter de souffrir des maux des autres : la crise économique, le crash d'un avion, les émeutes dans tel pays, le taux d'abstention à telles élections, ... Chaque bulletin d'information est une succession de mauvaises nouvelles annoncées autant pour informer que pour fasciner et retenir quelques minutes supplémentaires le téléspectateur ou l'auditeur.

Chapter 7 – Interrupting Interruption and the Art of Refusal


C'est une partie très singulière de ce livre, tellement les idées proposées sont exubérantes. Je ne vais pas tout dévoiler, parce que Timothy Ferriss explique avec beaucoup de minutie ses astuces et qu'il vaut mieux les lire. Globalement, j'en retiens deux :
  • Ne lire ses mails qu'à deux moments dans la journée parce que c'est une activité hautement chronophage.
  • Ne pas participer aux réunions. C'est radical mais ça oblige les personnes qui requièrent votre présence à être particulièrement explicites sur "Quelle sera votre valeur ajoutée à cette réunion ?" "Pourquoi y êtes vous conviée ?"

Chapter 8 - Outsourcing life


Et d'abord, essayez de répondre à  cette question : combien vaut une heure de votre journée ?

Sachez qu'il existe en Inde - et en fait un peu partout dans le monde - des entreprises qui offrent les services d'assistants virtuels. (Brickwork par exemple).

Qu'est-ce qu'un assistant virtuel ? C'est une personne qui travaille pour vous depuis l'étranger et qui est capable de réaliser toutes les tâches administratives d'une entreprise : organiser vos rendez-vous, réaliser vos recherches Internet, créer vos documents, tenir à jour votre site Internet, mettre à jour une base documentaire, faire vos comptes, ... Bref, pour peu que la tâche que vous devez réaliser ne nécessite pas d'être physiquement sur place, elle peut être confiée à un assistant virtuel.

Et à un prix défiant bien entendu toute concurrence : à partir de 5 $ de l'heure, soit trois fois moins cher qu'en Europe.

Le propos de Timothy Ferriss est simple : faites l'essai, et bénéficiez vous aussi des services d'un assistant. Certes, c'est un peu farfelu comme idée. Parce que vous comme moi, dans la vie de tous les jours, nous vivons très bien sans assistant.

Et pourtant c'est mathématiquement irréfutable : si votre heure vaut cher, passez là plutôt à monter un projet qui vous fera gagner gros à VOUS, plutôt qu'à gérer les tracas et tâches ingrates qui forment votre quotidien et enrichissent quelqu'un d'autre que vous (votre patron, votre banquier, ...).

Quel est-il ce projet qui peut vous rapporter gros et vous assurer une rentrée d'argent régulière en y passant pas plus de quatre heures à la gérer ? C'est l'objet des chapitres 9, 10 et 11.

Chapter 9 - Income Autopilot 1

"Our goal is simple: to create an automated vehicle for generating cash without consuming time".

Voilà selon Timothy Ferris la façon de s'y prendre.

1) D'abord, ciblez un marché de niche. Un marché de niche, c'est quoi ? C'est une demande à satisfaire, mais qui représente tellement peu en volume, que peu , voir personne, ne s'y intéresse :

"It is more profitable to be a big fish in a small pond than a small undefined fish in a big pond."

Deux choses pour choisir son marché de niche : on ne crée pas une demande : on répond à une demande. Car c'est beaucoup plus simple . Et l'on vise un marché que l'on connaît : on ne s'égare pas.

Comment trouver un marché de niche ? Commencez par regardez votre parcours associatif, professionnel, personnel et identifiez tous les groupes, associations, tribus, auxquels vous avez appartenu.

2) Partez des un ou deux groupes que vous connaissez le mieux et brainstormez : quel produit allez-vous leur proposer ?

Pour trouver ce produit c'est simple : il suffit de vous rappeler le ou les moments où, en tant que membre de ce groupe, vous vous êtes dit :

"Tiens, si jamais j'avais eu ce produit, cette information, ce service, ça m'aurait épargné du temps, de l'argent, ..."
Derrière cette question précise, il existe un marché, avec une demande insatisfaite.

Exemple : imaginez, vous êtes sur Ebay, vous recherchez une place pour le concert de U2 au Stade France. Décidément trop cher, vous vous dites, ce serait bien si j'arrivais à lancer une recherche automatique, avec des fautes d'orthographe, de façon à tomber sur les annonces mal orthographiées que personne ne trouve. Je bénéficierai d'un prix plus avantageux.

Votre groupe, c'est la "communauté des acheteurs Ebay", et le besoin insatisfait, (et donc le produit à créer), c'est un outil qui lance des requêtes mal orthographiées. (Et au final ça donne www.typobay.com ).

3) Plutôt que les services ou produits, facilement copiables ou imitables, Timothy Ferriss préconise de miser sur l'information : devenez expert.

Vous n'êtes pas expert ? Et bien si en fait. Nous sommes tous l'expert de quelqu'un sur un sujet. L'expert, c'est celui qui a acquis une connaissance sur un sujet pointu (donc de niche) supérieure à la plupart des gens, et en tout cas une connaissance supérieure à celle de son acheteur.

Exemple : vous avez travaillé dans l'industrie de la santé ces trois dernières années . Vous rédigez un papier de 20 pages basé sur votre expérience. Vous y relatez les problématiques de cette industrie vue de l'intérieur. Ajoutez y , les résumés des deux ou trois livres qu'il faut absolument avoir lu sur le sujet - et qu'en tout cas, vous aurez lu vous. Ainsi que les témoignages de deux ou trois personnes (vos clients) qui ont un avis de premier ordre sur ces thématiques. Vous produisez de fait un document unique et de qualité sur un sujet pointu.

Si sur les 5000 personnes qui pourraient être intéressées par ce papier, seulement 50 par mois sont convaincues de votre maîtrise du sujet, et sont prêtes à débourser 100€ pour acheter ce papier, cela fait 5000 € de revenus par mois.


Chapter 10 - Income Autopilot II



4) Vous avez le marché, vous avez le produit mais avant de produire quoi que ce soit, est-ce rentable ? Pour répondre à cette question, Timothy Ferriss propose de micro-tester votre idée.

Internet vous y aidera. Créez votre site Internet en trois clics et trois pages pas plus. La première présente le produit, la seconde présente le prix et autres modalités associées. Un lien "Achetez" renvoie vers la troisième page avec le message "Produit en cours de réapprovisionnement". L'idée ici est de connaîtrele nombre de personnes qui viennent jusqu'à vous. Et combien sont suffisamment convaincues par votre argumentaire pour passer à la caisse.

Maintenant que le site test est prêt, faites en la publicité via Google Ad Words et choisissez vos mots clés via son générateur de requêtes.

Puis laissez mijoter une semaine. En une semaine, en fonction du nombre de personnes qui vous rendront visite, cliqueront (ou pas) sur le lien "Acheter", vous serez fixé et saurez si votre intuition était ou non la bonne.

Chapter 11 - Income Autopilot III


5) Vous avez le marché, le produit a été testé et l'idée est concluante. Vous le mettez donc en vente. Dernière étape : faire tourner la boutique sans vous.

Ils sont peu nombreux les entrepreneurs qui dès le début, se posent la question de leur sortie. Et c'est là un énorme avantage que vous avez sur eux. Vous allez tout mettre en œuvre pour vous sortir de la boucle dès le départ.

Cela se fera progressivement en fonction du volume que vous vendez chaque mois.

* Vous vendez de 0 à 50 unités de votre produit.

C'est le moment où vous allez le plus travailler. Gérez personnellement toutes les demandes de vos clients. Répondez vous-même aux mails, rédigez des réponses formatées pouvant être réutilisées par la suite. Chaque demande doit être archivée. Elle donnera lieu à une ligne supplémentaire la Foire Aux Questions de votre site. Vous vous apercevrez peut-être que des clients perdus par vos publicités mal rédigées arrivent jusqu'à votre site. C'est à ce moment qu'il faudra passer du temps à les retravailler.

* Plus de 10 unités par semaine.

Continuez de gérer la partie relation avec votre client et commencez à sous-traiter le reste et notamment l'envoi du produit au client.

* Plus de 20 unités par semaine.

Il est temps de sous-traiter la partie relation avec le client à des gens dont c'est le métier.

Et arrivés en phase 3, gardez à l'esprit les principes suivants :
  • Minimisez le choix offert au client (et donc son indécision) , à l'image de Ford qui disait ceci de sa Ford T :
"The consumer can have any color he wants, so long as it's black"
  • Faites le tri dans vos clients. Tous les clients ne se valent pas : trouvez les 20% de clients qui produisent 80% de votre chiffre d'affaires. Laissez les 80% restants à vos concurrents.
L'objet de ce chapitre est de disparaître du boulot :) Rien de moins que ça !

Chapter 12 - The disappearing act

"It wasn't half hard as I thought it would be."
"Being bound to one place will be the new defining feature of middle-class. The New Rich are defined by a more elusive power than simple cash -unrestricted mobility."
Mais comment fait-on pour disparaître de son emploi ? Timothy Ferriss propose d'y arriver en faisant deux choses : démontrer à votre chef l'intérêt qu'il a à accepter de vous faire travailler à distance et le risque qu'il prend à refuser votre requête.

Et cela en cinq étapes rapidement résumées ici au point certainement de leur faire perdre de leur force, mais développées de façon plutôt convaincante -script à l'appui - par Timothy Ferriss :

1) Donnez-vous de la valeur : en suivant les conseils des précédents chapitres (notamment celui consacré à l'élimination), vous avez du gagner  du temps en efficacité, ce qui vous a donné de la valeur.

2) Prouvez la valeur ajoutée d'un travail à domicile : c'est assez rigolo comme conseil, Timothy Ferriss propose que vous vous fassiez porté pâle, un mardi (parce que le lundi ou le vendredi ça passe plus pour un long week-end). Et pendant cette journée, travaillez double, et rendez compte de façon visible de toutes vos contributions.

3) De retour au travail, faites le point. Qu'est-ce que vous avez fait en plus et pourquoi le fait d'être chez vous a contribué à ce supplément de productivité (pas d'interruption, pas dérangé, au calme, ...).

4) Initiez un point avec votre patron et exposez lui votre constat. A l'issue,  proposez-lui de renouveler l'expérience, pourquoi pas deux jours pendant deux semaines, et de faire un point au bout des deux semaines. Bien sur il pourra arrêter l'expérience quand il voudra.

5) Prolongez l'expérience, assurez-vous d'être toujours plus efficace chez vous qu'en entreprise et d'en rendre compte à votre patron.

Et si votre patron dit non, que se passe-t-il ? C'est l'objet du prochain chapitre.


Chapter 13 - Beyond repair


Votre patron dit non ? Quittez le !


Oui c'est radical mais Timothy Ferriss s'explique :

"Getting fired, despite sometimes coming as a surprise and leaving you scrambling to recover, is often a godsend : someone else makes the decision for you, and it's impossible to sit in the wrong job for the rest of your life."
Et Timothy Ferriss répond aux objections du lecteur. Non quitter un emploi n'est pas irréversible et oui, il est toujours possible d'y revenir, soit avec le même employeur, soit avec un autre. Oui, vous pourrez toujours payer vos factures, et c'est d'ailleurs l'objet des précédents chapitres. Non, cela ne ruinera pas votre CV, il suffira de faire de votre temps libre quelque chose d'intéressant, quelque chose de fou, d'audacieux, qui fascinera vos futurs employeurs en entretien.

Chapter 14 - Mini-retirements 


Je retiens de ce chapitre, la fable que beaucoup construisent autour de leur jobs, convaincus qu'il leur permettra d'atteindre leur rêve - alors que bien entendu dans ce rêve, ils voyagent, ils peignent, ils dessinent, ils font de l'humanitaire et ils font tout sauf travailler.



Chapitre 15 - Filling the void

Figurez-vous que pendant que certains se posent la question de sauter le pas, d'autres s'angoissent de l'avoir fait.

Non pas parce que cela n'a pas réussi, mais bien au contraire parce qu'ils ont du temps à ne savoir qu'en faire. L'objet de ce dernier chapitre est de les rassurer et de leur donner des idées pour la suite.

Achetez ‘La Semaine de 4 Heures’ de Timothy Ferriss :



Comment se Faire des Amis, de Dale Carnegie

-----------------

Titre original : How To Win Friends And Influence People

Version papier : 304 pages

Temps de lecture estimé : 8 heures environ

Achat du livre : cliquer ici

-----------------

Extraits

“It isn't what you have or who you are or where you are or what you are doing that makes you happy or unhappy. It is what you think about it.”
― Dale Carnegie, How to Win Friends and Influence People

“You can make more friends in two months by becoming interested in other people than you can in two years by trying to get other people interested in you.”
― Dale Carnegie, How to Win Friends and Influence People






"Comment se faire des amis " - traduction du livre anglais "How to win friends and influence people - est un petit livre par la taille et c'est pourtant un véritable best-seller de par le monde, vendu à 15 millions d'exemplaires depuis sa sortie en 1936.

Pourquoi un tel succès dans la durée ? Et en quoi sa lecture est-elle riche d'enseignements dans un contexte professionnel ? 

En introduction de son livre, son auteur, Dale Carnegie, explique ses motivations. S'il a écrit ce livre, c'est parce que :


"Les belles situations ne sont pas nécessairement confiées à ceux qui connaissent le mieux leur spécialité. Les hommes n'ayant que leur science technique abondent sur le marché. Mais celui qui possède la connaissance de son métier, plus le pouvoir d'influencer ses collaborateurs, s'élève vers le succès."


Car c'est bien cela dont il s'agit : un guide du savoir-être dans l'entreprise, et par extension, dans la vie en général.

Formateur dans le monde de l'entreprise - ses héritiers ont d'ailleurs bien su faire fructifier son héritage ;) - et ne trouvant pas d'ouvrage de référence répondant à ses attentes, il décide de s'atteler à la rédaction d'un livre qu'il définit comme un "livre d'actions": chacun des 30 principes présentés est appelé à être mis en œuvre aussitôt lu.

Les 30 principes découlent tous de la combinaison plus ou moins complexe de trois principes structurants et fondamentaux :
  • Complimenter honnêtement et sincèrement 
  • Ne pas critiquer, ne pas condamner 
  • Motiver souvent pour faire ce que l'on veut

 

Principe 1 : Complimentez honnêtement et sincèrement


Le désir qui nous anime tous, ce que nous réclamons inlassablement, c'est selon Dale Carnegie le "désir d'être important". Reconnaître l'importance d'une personne devient donc la clé des relations humaines.

Il ne s'agit pas ici de flatter mais juste de témoigner de façon sincère à autrui l'importance qu'il revêt à nos yeux. La reconnaissance, c'est montrer à l'autre qu'il existe.

Et Dale Carnegie de citer l'exemple de Charles Schwab :

"Rien ne tue d'avantage l'ambition d'une personne que les critiques de ses supérieurs. Je ne réprimande jamais personne. Je crois qu'il vaut mieux stimuler, donner aux êtres un idéal à atteindre. C'est pourquoi je suis toujours prêt à louer et je déteste gronder. Si je trouve une chose bien faite, j'approuve sincèrement et je prodigue des compliments." Voilà ce que faisait Schwab ! Or que faisons-nous habituellement ? Exactement le contraire. Quand une chose nous déplaît, nous crions et nous tempêtons ; mais, quand nous sommes satisfaits, nous ne disons mot. On voit toujours les qualités de loin et les défauts de près".

Principe 2 : Ne critiquez pas, ne condamnez pas".


"La critique est vaine parce qu'elle met l'individu sur la défensive et le pousse à se justifier" : "Le coupable blâme tout le monde sauf lui-même".

Pour l'illustrer, Dale Carnegie cite l'exemple de nombreux criminels, plus abominables les uns que les autres. Voici l'histoire de l'un d'eux : "Two-gun" Crowley.

"Two-gun Crowley, tandis que la fusillade faisait rage autour de lui, écrivait une lettre destinée à ceux qui trouveraient son cadavre. Le sang ruisselant de ses blessures faisait une trainée rouge sur le papier. Dans cette lettre il disait : "Sous ma veste bat un coeur las, mais bon, et qui ne ferait de mal à personne." Peu de temps avant ces événements, Crowley se trouvait à la campagne près de Long Island. Tout à coup un agent de police s'approcha de sa voiture arrêtée et dit : "Montrez moi votre permis." Sans articuler un mot, Crowley sortit son revolver et transperça le malheureux d'une grêle de balles. Puis il sauta de son siège, saisit l'arme du policier et tira encore une autre balle sur son corps inerte."

Si une personne si abominable s'estime "bonne", comment s'imaginer que notre critique porte sur ceux qui font notre quotidien ?

 

Principe 3 : Motivez souvent pour faire ce que vous voulez.


"Pourquoi toujours parler de ce que nous désirons ? Cela est vain et puéril, absurde. Naturellement, chacun s'intéresse à ce qu'il désire. Il s'y intéressera éternellement. Mais il sera le seul à y penser. Tous les autres sont semblables à lui sous ce rapport et ne se préoccupent que de leurs propres buts et aspirations. C'est pourquoi la seule façon d'influencer le voisin, c'est de lui parler de ce qu'il veut et de lui montrer comment l'obtenir."

On ne s'ennuie un seul instant quand on entre dans ce livre et j'ai trouvé sa lecture passionnante. Certes les exemples sont un peu surannés et typés années 30 (on nous parle d'Al Capone, d'Abraham Lincoln, d'Edison, ...) mais ils tendent à démontrer l'universalité du propos et lui donnent toute sa force.

Certains pourraient penser qu'il s'agit de méthodes de manipulation. Je pense qu'il serait plus juste de parler d'une utile description de la nature humaine et de précieuses observations des interactions sociales.

En résumé, une bonne entrée en matière pour qui veut influencer les autres, gagner leur sympathie, les rallier à leur point de vue et modifier durablement leur attitude sans irriter ni offenser.

Achetez ‘Comment Se Faire des Amis’ de Dale Carnegie :